André Favory (1889 Paris – 1937 Paris)
Peintre autodidacte et illustrateur
André Favory naît en 1889 à Paris d’un père industriel parisien. Neveu du dessinateur satirique Hermann Paul, c’est en autodidacte qu’il commence à peindre par vocation et de manière intermittente, devant assurer un emploi en parallèle dans l’entreprise familiale.
Il commence dès 1907, sans avoir eu de maître, à exposer au Salon des Indépendants. Héritier de la peinture de Paul Cézanne, il cherche son style et expérimente plusieurs langages picturaux entre 1907 et 1910.
En 1912, il entre à l’Académie Julian et étudie avec les professeurs Marcel Baschet et Henri Roger. Il se lie d’amitié avec Jean Metzinger, Albert Gleize et Roger de La Fresnaye et y retrouve son ami André Lhote.
En 1914 il est mobilisé pendant la Première Guerre Mondiale. À son retour, après avoir vécu l’horreur de la guerre, il se détourne du cubisme qu’il juge trop « intellectuel ».
André Favory est ensuite connu pour ses paysages et nus féminins. Sa touche est large et puissante, les couleurs utilisées sont vives et chaudes.
Parallèlement à ses travaux de peinture, André Favory mène une activité d’illustrateur pour des ouvrages tels que Les poèmes de l’humour triste de Jules Supervielle (1919) ou encore une réédition de L’Education sentimentale de Gustave Flaubert (1924).
Atteint d’une maladie, il cesse prématurément de créer dans les années 1930 et meurt en 1937.
Un artiste exposé de son vivant
De nombreuses expositions particulières lui sont consacrées de son vivant en France et à l’étranger et ses oeuvres sont également présentées lors d’expositions collectives.
- Galerie Malpel (1913)
- Galerie Druet (1920, 1921, 1923, 1924-1926)
- Galerie Berthe Weill (1923)
- Galerie Katia Granoff (1926)
- Godfrey Phillips Gallery à Londres (1929)
- Galerie Moos (1930)
- Galerie Charpentier (1936).
Expositions collectives :
- Galerie E. Blot (1915)
- Galerie Marcel Bernheim (1922)
- Galerie Devambez (1922)
- Galerie B. Weill (1922)
- Galerie Berheim Jeune (1923)
- Galerie Druet (1922-1923)
- Galerie Bellemaison à New York (1922)
- Musée d’Art et d’Histoire de Genève (1926)
- Galerie Charpentier (1934).
Ses œuvres sont conservées dans des institutions telles que le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris (Le repos du modèle, 1924 ; Nu de dos, 1924 ; Nature morte Paysage du midi, 1924 Autoportrait à la femme blonde, 1924 Nu dans un paysage, 1922), la Galerie Nationale des Beaux-Arts de Sofia (Nu, vers 1920), au Petit Palais à Genève (Les Baigneuses), ainsi qu’aux musées de Bruxelles, de Grenoble, du Havre, de Moscou, d’Oslo, de Riga, de Stockholm, de Philadelphie, de Varsovie.
Ensemble d’œuvres d’André Favory de 1907 à 1913
Œuvres de jeunesse : la construction d’un langage artistique
Edmond Jaloux, « André Favory et son œuvre » in André Favory, galerie Vendôme, 5 février – 5 mars 1974, Paris.
En 1908, André Favory réalise Nature morte à la bouteille et aux fruits. L’influence du nabisme et de l’Ecole de Pont-Aven est ici bien présente. André Favory travaille sa touche et la dimension synthétique de l’oeuvre. Le trait au pinceau, qui marque le contour de la bouteille et des fruits, et la succession de plans en aplats le placent en héritier de Gauguin.
Quand André Favory réalise le portrait de son père, Monsieur Alfred Antoine Favory en 1907, c’est en héritier de Paul Cézanne que s’inscrit sa composition. La touche est sure, la composition dépouillée.
L’œuvre Paris enneigé se place dans un style post-impressionniste, hérité de Camille Pissarro. Cadrée depuis un balcon haut perché, Paris sous la neige est un motif cher aux impressionnistes. La composition révèle le geste créateur, les lignes horizontales successives du pinceau. La diagonale de la route perce l’œuvre en son centre.
Redécouverte d’un ensemble rare d’œuvres cubistes de 1912-1913
C’est à partir de 1913 qu’André Favory commence à peindre des œuvres cubistes. Cette parenthèse cubiste va durer une année, jusqu’au début de la Première Guerre Mondiale où il est mobilisé.
Ses compositions oscillent à la fois entre un cubisme cézannien et un cubisme synthétique. Son style évolue, il cherche divers moyens d’expression. Libre, il essaie, expérimente. Il travaille à la fois le cubisme dans ses codes tout en déployant son empreinte personnelle, celle d’une peinture généreuse, sensuelle et colorée.
Gérald Schurr, exposition André Favory, Galerie Vendôme, 5 février – 5 mars 1974.
En 1913, André Favory se rend en Bretagne, il y expérimente le cubisme. Il s’y trouve en compagnie des peintres Le Fauconnier, Conrad Kickert et Yves Alix.
Ploumanach et Perros-Guirec avec leurs enchevêtrements de masses rocheuses constituent un cadre propice aux recherches sur le cubisme. André Favory va au delà de la représentation du réel et introduit un traitement en volume des formes.
Falaise à Perros-Guirec laisse entrevoir le travail de géométrisation des rochers, de la mer, du ciel. Le travail de la forme stricte, néanmoins, ne prime pas sur la couleur. La couleur et la forme prennent une importance égale dans le langage cubiste d’André Favory.
En 1913, André Favory réalise la composition L’agitation de Paris. Il travaille dans un premier temps de manière figurative la toile, dessinant les immeubles, les éléments d’architecture tel que le balcon. Il brosse ensuite vigoureusement des formes semi-circulaires pleines qui se répondent au centre de la composition, tendant vers l’abstraction.
Nature morte cubiste, nappe et coupe de fruits révèle un cubisme synthétique. Les éléments issus du quotidien, la nappe, la coupe de fruits, le verre, le journal sont fragmentés, superposés.
Paysage cubiste, étude d’arbres révèle une fragmentation des formes, une recherche systématique d’opposition des éléments picturaux, des lignes droites et courbes. André Favory va au delà de l’imitation du réel. Il simplifie les formes, élimine les détails et traite la nature par les courbes et contre-courbes. Le peintre recherche avant tout une intensité plastique proche de la vie.
En 1913, les œuvres d’André Favory sont exposées à la galerie Malpel. Il se peut très fortement que les œuvres de sa période cubiste y aient été présentées.